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David Renault, Mathieu Tremblin. Chemins du désir (documents de travail et documentation d’actions). 2010-2014.
Recherche terminologique, veille urbaine, enquêtes piétons, croquis préparatoires, documentation d’action. Vitrine, cadres. L = 200 cm x h = 90 cm x p = 90 cm, L = 75 cm x h = 100 cm (chaque).
Vue de l’exposition « Les Horizons », La Criée centre d’art contemporain, Rennes, 2014. (photographie : Mathieu Tremblin)
David Renault, Mathieu Tremblin.
Chemins du désir (documents de travail et documentation d’actions).
2010-2014.
Recherche terminologique, veille urbaine, enquêtes piétons,
croquis préparatoires, documentation d’action. Vitrine, cadres.
L = 200 cm x h = 90 cm x p = 90 cm, L = 75 cm x h = 100 cm (chaque).
Conception, action, fabrication, photographie : David Renault, Mathieu Tremblin.
Captation : Tristan Le Braz, Tanguy Marzin, Richard Louvet.
Montage, mixage : Mathieu Tremblin.
Sérigraphie : La Presse Purée.
Production : David Renault, Mathieu Tremblin, La Criée centre d’art contemporain (Rennes).
En architecture, la notion de chemin du désir ou ligne du désir désigne aux chemins tracés dans les espaces verts à mesure
du passage des habitants qui dessinent leur trajet quotidien, comme un déterminisme résistant à la rigueur de la carte
tracée par l’urbaniste. Il arrive parfois que ces chemins, après avoir été adjoints au cadastre lorsqu’ils perdurent pendant
plusieurs années, deviennent des chemins réguliers, pris en considération par les services de l’urbanisme ou de la voirie et
soient ainsi officialisés par une couche de gravier.
« En résidence en 2008 au Blosne, Rennes pour le cycle Correspondances citoyennes sur invitation de l’Âge de la tortue nous
avions procédé durant quinze jours à une enquête sur les signes d’appropriation du territoire par les habitants du quartier.
Zone d’habitation des plus vertes à Rennes, l’omniprésence des chemins du désir sur le quartier nous avait d’autant plus
marquée que nous avions déjà relevé depuis plusieurs années d’autres chemins du désir, plus rares, dans la ville. Pis, elle
nous avait donné l’idée d’une action intitulée comme de juste Chemins du désir, réalisée l’année suivante en janvier 2010
une première fois sur le boulevard de la Tour d’Auvergne à Rennes. »
David Renault, Mathieu Tremblin in note d’intention pour l’exposition « Les Horizons » à la Criée centre d’art contemporain, Rennes, décembre 2013.
David Renault, Mathieu Tremblin.
Chemins du désir (recherche terminologique) « étape de travail 14 mars 2014 ».
2014.
Chemise, étiquettes, impression laser sur papier machine 80 g, surligneur, graphite. L = 32 cm x l = 22,5 cm.
D’une langue à l’autre, d’un pays l’autre, d’une ville à l’autre, la manière de désigner les chemins tracés dans les espaces verts à mesure du passage des habitants varient : chemin du désir, ligne de désir, chemin des éléphants, chemin des vaches, piste des chêvres, sentier social, sentier des cochons, sentier de contrebande.
La première occurence de l’expression « chemin du désir » (desire path en anglais) est attribuée à une étude de l’État de l’Illinois daté de 1959 et intitulée «Chicago Area Transportation Study».
La recherche terminologique archive, annotée de la référence d’où elles sont prélevées, des photocopies de pages de textes
et d’ouvrages ou de captures d’écran d’échanges de courriel et de pages sites Internet rédigées par des auteurs, des
architectes, des écrivains, des artistes ou des travailleurs de la voirie…
David Renault, Mathieu Tremblin.
Chemins du désir (veille urbaine) « Le Blosne, Rennes ».
2014.
Images numériques, tirages lambda, coins photos, étiquettes, carton gris. L = 70 cm x l = 50 cm.
David Renault et Mathieu Tremblin réalisent depuis 2008 une veille urbaine et documentent la présence de chemins du désir
dans les villes d’Europe contextualisant ainsi les actions et les divers documents produits autour des chemins du désir.
Pour l’exposition collective « Les Horizons » au centre d’art contemporain La Criée en 2014, un recensement spécifique
focalisé sur la ville de Rennes et le quartier du Blosne en particulier est réalisé.
David Renault, Mathieu Tremblin.
Chemins du désir (enquête piétons) « Boulevard de la Tour d’Auvergne, Rennes ». 2010.
Formulaire, impression laser sur papier machine 80 g, stylo à bille.
L = 29,7 cm x l = 21 cm.
En préambule de chaque action, une enquête piétons est réalisée à partir du formulaire utilisé par la municipalité afin de
connaître la fréquentation du chemin du désir et d’informer sur le temps nécessaire pour créer un sillon.
En rapportant la moyenne de passages par jour au nombre total de passages réalisés par les marcheurs lors d’une action pour
créer une extension à un chemin du désir existant, cette enquête piétonne permet d’obtenir une évaluation du nombre de
passages nécessaires à l’apparition et à la maintenance d’un chemin du désir.
David Renault, Mathieu Tremblin.
Chemins du désir (croquis préparatoire).
2010-2014.
Dessin vectoriel, sérigraphie sur papier BFK Rives 250 g, coins photo, cadre avec haute feuillure.
L = 80 cm x l = 60 cm.
(sérigraphie : La Presse Purée ; production : La Criée centre d’art contemporain, Rennes)
Chaque croquis préparatoire correspond à un motif potentiel pour l’activation et la réactivation d’une action sur un chemin
du désir existant.
David Renault, Mathieu Tremblin.
Chemins du désir (action). 2010-2104. Rennes (FR).
Espace vert, chemin du désir, marche. Dimensions et durée variables.
À la mesure du pas et grâce à une marche forcée, l’action Chemins de désir consiste à augmenter un chemin de désir existant
d’extensions poétiques et afonctionnelles.
David Renault, Mathieu Tremblin.
Chemin du désir (simulation).
2010-2014.
Image satellitaire Google Maps, capture d’écran, retouche numérique.
L = 15 cm x l = 10 cm.
La simulation rend compte d’une vue en plan du tracé final de l’action Chemins du désir par le biais d’une image satellitaire
retouchée.
Jan Kopp, Sophie Kaplan : Comment votre recherche sur les chemins du désir s’inscrit-elle dans l’ensemble de votre travail
sur la ville comme espace de représentation?
David Renault, Mathieu Tremblin : Notre recherche sur les chemins du désir fait écho à des préoccupations plus larges sur
l’urbanité, fil conducteur de notre pratique en solo ou duo depuis une dizaine d’année.
L’urbanité, ce sont ces us et coutumes que les citadins mettent en œuvre au quotidien. Des exercices de liberté qui,
bien qu’ils ne soient généralement compris que comme des banales traces d’appropriation volontaire ou involontaire de
l’environnement urbain, altèrent néanmoins de manière durable notre imaginaire de la ville.
Les chemins du désir, en regard d’autres usages à partir desquels nous avons pu concevoir des interventions dans la ville,
constituent un objet d’étude à la croisée de plusieurs disciplines, et c’est pour cela que l’action qui en découle occupe
une place particulière au sein de notre démarche.
Le chemin du désir est une forme globalisée, qui répond à la métropolisation des villes. Mais c’est un chemin tracé à mesure
du pas de chaque citadin qui l’emprunte et qui nécessite plus d’une centaine de passages journaliers pour exister et être
maintenu. Il résiste à la rigueur du plan dessiné par l’architecte et aux impératifs fonctionnels de l’urbanisme. Autant
que sa pratique, son identification et sa lecture introduisent une conception plus horizontale de la gouvernance de l’espace
urbain : un partage des pouvoirs.
Il y a une force poétique latente dans ce travail de fourmi auquel chaque marcheur contribue – insaisissable sur le moment
mais compréhensible de manière globale sur la durée. Un labeur qui aboutit parfois à une modification réelle du cadastre –
lorsque le chemin est pérennisé par la voirie – comme si la population pouvait interagir de manière furtive mais concrète
avec la ville, à son échelle.
Et c’est une incivilité qui fait jurisprudence parce qu’elle fait aussi consensus ; tout le monde a un jour emprunté un
chemin du désir. Dès lors, le chemin et son moyen, la marche, deviennent les leviers idéals pour assoir la désobéissance
civile comme condition nécessaire à la capacitation des citoyens – soit octroyer plus de pouvoir aux individus ou aux
groupes pour agir sur les conditions sociales, économiques, politiques ou écologiques qu’ils subissent –, une qualité propre
aux œuvres artistiques les plus marquantes.
Entretien par Jan Kopp et Sophie Kaplan in catalogue de la saison Courir les rues,
La Criée, centre d’art contemporain, Rennes, juin 2014
Tags: Desire Paths, documentary, drawing, image, installation, preliminary sketch, survey